Les Monologues de Gaza

Le 27 décembre 2008, Israël lance l’opération militaire « Plomb durci » à Gaza. Il s’agit d’une offensive aérienne, terrestre et maritime contre le Hamas qui contrôle le territoire depuis 2007, officiellement pour mettre fin aux tirs de roquette à partir du territoire. Pendant 22 jours, une pluie de missiles s’abat sur Gaza et des combats terrestres ont lieu partout sur la bande. Le bilan humain est lourd : près de 1 400 morts palestiniens, principalement des civils, dont plus de 500 enfants ainsi que des milliers de blessés, et 13 morts côté israélien. Le 18 janvier, Israël proclame un cessez-le-feu qui sera suivi 12 heures plus tard par le Hamas. Les troupes israéliennes se retirent de la bande de Gaza le 21 janvier.

Cette guerre fait l’objet d’un rapport commandité par l’ONU, connu sous le nom de rapport Goldstone, qui affirme que l’armée israélienne a « agi au mépris de la vie des civils » et « fait un usage disproportionné de la force », accusant Israël de « crimes de guerre ». Ce rapport, très critiqué en Israël, ne fera pas l’objet d’un suivi d’enquête de la part des autorités.

La bande de Gaza est sous autorité palestinienne depuis 2005, même si l’Etat d’Israël conserve un contrôle total sur les frontières, les eaux territoriales et l’espace aérien du territoire. Depuis les élections législatives de 2006, Gaza est dirigé par le Hamas, mouvement islamiste palestinien considéré comme terroriste par les pays de l’Union Européenne. En conflit ouvert avec le Hamas, l’armée israélienne connue sous le nom de Tsahal mène régulièrement des opérations militaires et des bombardements depuis 2005 et ferme souvent le checkpoint Erez, seule frontière ouverte entre les deux territoires séparés autrement par des murs.

Cela fait maintenant plus de 15 ans que Gaza est comparée dans les médias à « une prison à ciel ouvert » : ces conditions pèsent fortement sur les civils qui vivent dans la terreur constante et ont connu de nombreux traumatismes de guerre. La pression imposée par l’État d’Israël sur les palestiniens, à Gaza mais aussi sur le reste du territoire, que ce soit de façon militarisée ou à travers les agressions de colons qui violentent les populations au quotidien, a fait l’objet d’un rapport d’Amnesty International en 2021, associant ce régime à la notion d’apartheid condamnée par le droit international.

Ce format original, déjà présenté dans le cadre des Lectures Infinies de Contre-Sens en 2022, permet de dépasser les difficultés liées aux conditions imposées aux artistes gazaouis grâce au duplex. À Lyon, Matthieu Loos, codirecteur (aux côtés d’Amélia Boyet) du Ciel – scène européenne pour l’enfance et la jeunesse, propose avec un groupe de jeunes comédiennes et comédiens lyonnais une mise en voix et en espace de la traduction française de Marianne Weiss. En simultané, ces mêmes textes seront mis en voix et en espace à Gaza par Ali Abu Yassin en arabe, metteur en scène à l’origine des Monologues, avec les auteurs des textes originaux.

Aujourd’hui basé à Ramallah, ASHTAR est un théâtre créé en 1991 par les acteurs palestiniens Edward Muallem et Iman Aoun. Très ancré sur le territoire, ce théâtre œuvre pour la formation de jeunes acteurs palestiniens mais aussi pour la diffusion de pièces de théâtre professionnelles et l’accès à la culture pour les populations marginalisées. Ses productions recherchent l’innovation artistique, l’encouragement à la créativité mais aussi l’engagement pour le changement social et politique, notamment avec le développement du théâtre-Forum ancré dans la construction démocratique. Les Monologues de Gaza sont l’un des plus grands projets du théâtre ASHTAR, qui a vu le jour suite à un atelier d’écriture avec de jeunes gazaouis.

13 octobre 2023 – Festival des libertés – Théâtre National de Wallonie-Bruxelles (Belgique)

27 et 28 octobre 2023 – Festival Sens Interdits, le ciel (69)