Cousu main / Coups humains

MALI

TEXTE ET MISE EN SCÈNE JEANNE DIAMA

Théâtre de Givors

Vendredi 20 oct – 20h

Comédie Odéon

Dimanche 22 oct – 17h30

Durée 1h

Tarifs particuliers
À partir de 15 ans

Avec Cousu Main, Jeanne Diama livre une bataille acharnée contre le silence et l’oubli des femmes victimes de viol en temps de guerre. Le recours systématique aux viols et violences sexuelles sur les femmes civiles au Mali et dans d’autres zones de guerre est dénoncé à travers le témoignage de deux femmes, une mère et sa fille. Celles-ci ressassent ensemble les viols répétés que leur ont fait subir des militaires pendant plusieurs mois, alors même que la fille n’avait que huit ans.

Leur dialogue part d’un conflit : la fille veut partir et laisser derrière elle ces souvenirs traumatiques tandis que sa mère redoute la solitude. Leurs paroles racontent la violence et le ressassement du traumatisme mais aussi la volonté d’avancer, dans un mouvement de libération de la parole autour d’un sujet tabou dans la société malienne et partout où les femmes sont prises pour cible. Jeanne Diama a écrit ce texte à partir de témoignages, recueillis auprès de femmes qu’elle a rencontrées au sein d’associations de prise en charge des victimes. Elle rend compte de la nécessité de prendre à bras le corps un sujet qui touche toutes les cultures : « la peur doit changer de camp », et justice doit être faite.

LA CONDITION DES FEMMES MALIENNES EN TEMPS DE GUERRE

Depuis 2012, suite à l’insurrection de groupes salafistes djihadistes et indépendantistes, le Mali est le théâtre d’une guerre qui touche particulièrement les populations civiles et notamment les femmes. De nombreux témoignages rapportent entre autres abus des cas de viols, violences sexuelles et exécutions massives commis par des militaires lors de différentes opérations de protection des populations.

Depuis 2021, l’ONU indique que ces récits se multiplient sur le territoire. Un rapport de commission d’enquête publié la même année fait état des violences et abus perpétrés sur le sol malien par les différents acteurs du conflit depuis 2012 et corroborant ces échos.

Bien que les chiffres manquent encore à l’appui, ce rapport à permis d’affirmer le caractère organisé et systématique de l’usage de la violence sexuelle envers les femmes. S’ajoute également à ces faits une dimension raciale et ethnique, dans la mesure où la majorité des victimes semble appartenir à la minorité peule.

« LA JUSTICE NE FAIT QUE RAREMENT SON MÉTIER » – JEANNE DIAMA

Dans un pays où les inégalités de genre sont déjà importantes, la réparation judiciaire de ces crimes pose également problème. En effet, il est rare que des victimes de viol – que ce soit dans un contexte de guerre ou non – déposent plainte, et ce pour des raisons de pression sociale et familiale mais aussi de manque d’accessibilité à des dispositifs d’aide aux victimes.

Cela rend d’autant plus difficile d’établir des chiffres précis qui permettraient ensuite de développer des dispositifs de soutien et d’accompagnement des victimes.

Au Mali, où les valeurs patriarcales et religieuses dominent, c’est en effet sur les femmes que retombe la responsabilité du viol et il y a un manque de sensibilisation aux dispositifs de santé mentale et sexuelle qu’elles sont en droit de solliciter. Les victimes rencontrées par Jeanne Diama lui ont fait part de la sensation de vivre une « mort lente » qui les consume peu à peu, dans l’attente que « Dieu les rappelle auprès de lui ».

JEANNE DIAMA

Née en 1994 au Mali, Jeanne Diama est autrice, metteuse en scène et comédienne, diplômée du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké Kouyaté. Ses textes ont été repérés et primés dans de nombreux festivals francophones, notamment les Récréatrales de Ouagadougou et les Praticables de Bamako. Lauréate du fonds « Des mots à la scène » de l’Institut Français de Paris, elle travaille depuis quelques années entre le Mali et la France.

COMPAGNIE ANW JIGI ART ASSOCIATION POUR LA RECHERCHE THÉÂTRALE

Créée en 2015 par des comédiens, conteurs, auteurs, metteurs en scène et techniciens, la compagnie Anw Jigi Art œuvre à la promotion de la culture et du spectacle vivant maliens. Avec un ancrage fort à Bamako, la compagnie rayonne aujourd’hui entre l’Europe et le Mali et alterne entre des œuvres en français et en bambara. Son travail s’articule autour d’un « théâtre social » ancré dans l’actualité, qui se veut accessible à tous et toutes et plus particulièrement aux personnes marginalisées. Les artistes mènent aussi une action sociale à Bamako avec des animations et contes dans des centres de soins psychiatriques et orphelinats. Actuellement, la compagnie construit un volet de formation d’une nouvelle génération d’acteurs maliens, en proposant des ateliers et laboratoires à des enfants et jeunes adultes issus des quartiers défavorisés de Bamako et ses alentours.

© Christophe Pean 2022


Metteuse en scène Jeanne Diama Texte Jeanne Diama

Avec Assitan Tangara, Awa Diassana Costumes Ibrahim Bemba Kebe, Jeanne Diama Régie-Lumière Gaoussou Lamine Diallo Vidéo Fodé Traoré Scénographie Ibrahim Bemba Kebe

Production Anw Jigi Art avec le soutien du Dispositif des Mots à la scène de l’Institut Français de Paris et en partenariat avec Nova Villa Production déléguée Sens Interdits Avec le soutien de l’ONDA – Office National de Diffusion Artistique

Création Juin 2021
Résidence Bamako (Mali) et Nova Villa (Reims)