Tafé Fanga ? Le pouvoir du pagne ?

MALI

TEXTE JEANNE DIAMA ET MARIE CHARLOTTE SIOKOS ET MISE EN SCÈNE ASSITAN TANGARA

Ateliers Presqu’Île

15, 16 et 17 octobre – 19h

Durée 1h15

Tarif 2
À partir de 15 ans

Bord de scène après chaque représentation

Quatre femmes maliennes se retrouvent dans un espace hors du temps, hors du monde. C’est l’occasion de se retrouver, d’échanger sur leurs vies mais aussi leurs souffrances dans ce parloir de pagnes colorés, symbole de la condition féminine au Mali. Les injonctions de la société, les violences quotidiennes, le machisme, la sexualité… La parole se libère. C’est l’occasion de rire, de se moquer, mais aussi de pleurer, de témoigner.

Il s’agit surtout d’être ensemble en tant que femmes, de trouver des solutions collectives pour trouver la voie de l’émancipation et surmonter les obstacles structurels au développement socio- économique. Leurs voix et leurs corps s’unissent dans les mots, dans les chants et les danses inspirées de rituels traditionnels maliens. Cette pièce est tirée de faits réels, de témoignages recueillis par Jeanne Diama lors de rencontres entre artistes et femmes du quartier où est implantée la compagnie Anw Jigi Art, pour poser collectivement la question du pouvoir : à qui le donne- t-on, et pourquoi ?

UNE ÉCRITURE À L’ÉCOUTE

«Tafé fanga, c’est un texte qui à travers ma voix donne la parole aux femmes au Mali pour parler de la place des femmes dans la société malienne, parler de nos vécus, des oppressions qu’on peut subir tous les jours dans la société, dans nos foyers et sur nos lieux de travail.

C’est un texte qui interroge aussi notre sexualité et notre rapport à notre corps. Ce sont les sujets sur lesquels nous avons débattu lors de rencontres que j’ai faites avec des femmes pendant le processus d’écriture de ce texte. J’avais réuni des femmes d’âges différents, d’horizons différents, de situations matrimoniales et sociétales différentes, de métiers différents.

On a débattu de tous ces sujets ensemble : égalité homme- femme, patriarcat, féminisme, la place de la femme, quelle place elle s’accorde elle-même, quelle place la société lui accorde… Des désirs, des envies profondes des femmes. À la sortie de ça, on s’est rendues compte qu’à des degrés différents, à des périodes différentes certes, on a toutes vécu la même chose.

Le pouvoir du pagne, c’est une phrase qu’on dit à beaucoup de jeunes femmes dans certaines cultures au Mali. J’ai voulu interroger à travers ce texte cette phrase-là : est-ce que c’est vrai, est-ce que le pagne a du pouvoir et donc la femme a du pouvoir? J’ai laissé les femmes parler autour de moi pour voir ce qu’elles en pensaient. »

Jeanne Diama, propos recueillis par les Zébrures de Printemps, 2021

LA CONDITION DES FEMMES AU MALI

« Quand tu écoutes ce texte, tu te rends compte que la femme, surtout la femme malienne, a plus de devoirs que de droits.

Ce texte, c’est donner la parole aux femmes, leur donner la liberté de pouvoir s’exprimer, de pouvoir dire ce qui ne va pas. Pourquoi elles n’arrivent pas à prendre de décisions sur leur vie : est-ce que je veux me marier ou pas, est-ce que je veux avoir des enfants ou pas, est-ce que je peux décider de m’habiller comme je veux ou pas, est-ce que je peux décider de travailler et d’être indépendante ou pas… (…)

Monter ce texte, pour moi, c’est plus qu’une mission : il fallait que ça se fasse. Que j’arrive à informer d’autres femmes, qui sont peut-être dans la même situation que moi, ou peut-être pas. Elles ont traversé des choses et elles ont vécu des choses. Comment faire pour venir en aide à ces femmes-là? C’est ce qui m’a motivée à porter ce texte, à le mettre en scène.

Ce texte, pour moi, est hyper sensible et très réel par rapport aux autres pièces que j’ai pu faire. Il n’y a pas de distance entre l’être que nous sommes et l’œuvre ; c’est ça qui est beau dans cette mise en scène. »

Assitan Tangara, propos recueillis par les Zébrures de printemps, 2021

ASSITAN TANGARA, METTEUSE EN SCÈNE

Comédienne-conteuse, metteuse en scène et directrice de la compagnie Anw Jigi Art, Assitan Tangara est issue du conservatoire des Arts et métiers multimédia Balla Fasséké Kouyaté du Mali. Son parcours l’a amenée à jouer dans de nombreux pays francophones (France, Belgique, Côte d’Ivoire, Niger, Burkina, Cameroun, Congo…). Avec Anw Jigi Art, elle construit un théâtre qui se veut social et populaire, jouant « son rôle d’éducateur et de sensibilisateur », allant à la rencontre de la population en jouant dans l’espace public ou dans les cours familiales. Elle est également sollicitée en tant que formatrice en France et au Mali pour de jeunes acteurs et danseurs. En 2020, elle est lauréate du Visa pour la Création en vue de la mise en scène de Tafé Fanga ? Le pouvoir du pagne ?.

© Christophe Pean Photography


Autrice Jeanne Diama Avec un extrait de Marie Charlotte Siokos

Mise en scène et adaptation Assitan Tangara Avec Tassala Tata Bamouni, Awa Diassana, Niaka Sacko, Jeanne Diama Scénographie et Costumes Patrick Janvier assisté par Gaoussou Lamine Diallo Régie-Lumière et Son Gaoussou Lamine Diall assisté par Patrick Janvier Vidéo Clément Simon, montage Kassim Diallo Chorégraphie Djibril Ouattara

Musique Niacka Sacko et Lamine Soumano

Production Anw Jigi ART Coproduction Les francophonies des écritures à la scène avec le soutien du Dispositif des Mots à la scène de l’Institut Français de Paris Production déléguée Sens Interdits Avec le soutien de l’ONDA – Office National de Diffusion Artistique

Coréalisation Festival Sens Interdits et Théâtre Nouvelle Génération