CAMEROUN
MISE EN SCÈNE ZORA SNAKE
Théâtre de la Renaissance
Samedi 14 octobre – 19h
Durée 30 min
Tarif 1
Tout public
Brassage : atelier tout public – 1h
Mardi 17 octobre – 19h – gratuit
Maison de la danse
Qu’est-ce qu’un opéra ? Zora Snake propose dans cette performance de retourner nos définitions et nos perceptions de l’art et de son Histoire, en rendant hommage aux traditions artistiques et performatives inventées depuis des millénaires dans les villages africains. Les danses que sont le kounga, le nka’a ou encore le sondap viennent interroger la façon dont nous pensons la liberté artistique aujourd’hui et la façon dont les arts circulent entre les continents. Ces pratiques et les objets sacrés qui y sont liés sont autant de richesses spoliées par la colonisation, tout comme l’or et le sel qui sont au centre de la performance.
Zora Snake performe un rite d’enterrement rythmé par les mots du poète Aimé Césaire et la flûte de Maddy Mendly Silva.
Il incarne ainsi le fantôme de ces oeuvres spoliées, qui dialogue avec le monde visible dans un espace en perpétuelle adaptation, musée invisible où l’oeuvre retrouve sa puissance d’expression. Ce nouveau rituel politico-religieux met en avant le silence des ancêtres et la façon dont les séquelles de leur dépouillement résonnent dans les corps.
RESTITUTION DES OEUVRES SPOLIÉES
La « restitution des œuvres d’art africaines » anime le débat public français depuis 2018, suite à la publication du rapport Sarr-Savoy commandé par Emmanuel Macron. Ce rapport fait état de la présence d’au moins 90 000 oeuvres d’art qui devraient être restituées par la France, suite à un travail de recherche sur leur provenance et la nature de leur acquisition, et a permis d’impulser une première restitution de 26 oeuvres au Bénin.
Néanmoins la question de la restitution des œuvres d’art demeure épineuse, notamment en France. En effet, cette restitution implique également une reconnaissance de la violence de la colonisation et de la spoliation des ressources et du patrimoine des pays colonisés jusqu’au XXème siècle.
L’un des arguments contre ce processus est celui des conditions de conservation des œuvres, sous prétexte que les pays africains demandant le rapatriement de ce patrimoine n’auraient pas les structures et les moyens de conservation et de restauration nécessaires à leur bon entretien.
LA PENSÉE MUSÉALE
Dans L’Opéra du villageois, Zora Snake propose une réflexion sur la pensée muséale et plus précisément autour du “Masque”. Celui-ci est perçu aujourd’hui et notamment dans les collections muséales comme un « objet d’art » ou encore une trace de civilisations perdues ou fantasmées : Snake propose de retourner la perception que nous avons de ces objets pour en réactiver le caractère patrimonial. Le masque est avant tout un héritage, un “objet-sujet” habité par les ancêtres qui doivent revenir sur leur terre d’origine.
L’Opéra du villageois met ainsi en avant les rituels et la performance émanant de la tradition des ancêtres des villages africains pour les opposer à l’institutionnalisation et la réglementation de l’expression artistique occidentale. Par cette revalorisation d’un art considéré dans les collections muséales comme un objet anthropologique vidé de son caractère sacré, Snake affronte les questions contemporaines liées au capitalisme et aux libertés individuelles et artistiques.
ZORA SNAKE
Danseur, chorégraphe et performeur venu du hip-hop, Zora Snake est un artiste camerounais qui explore les questions du patrimoine et du rituel aux prises avec la société contemporaine et les questions postcoloniales. Ses créations s’inscrivent surtout dans l’espace public urbain, comme rural. Récemment interprète dans WAKATT, la dernière création de Serge Aimé Coulibaly, il est aussi invité pour des performances à la Cité internationale des Arts et au Palais de Tokyo. En 2017, il crée le festival Modaperf – MOuvements, DAnses, PErformances- à Dschang, pour promouvoir l’implication de la culture et de la création contemporaine dans le développement social et humain du Cameroun.
Sa venue au festival Sens Interdits pour cette édition, avec ses deux nouvelles créations L’Opéra du villageois et Shadow Survivors, fait suite à un partenariat instauré depuis 2017, lors de sa première venue avec Transfrontaliers. Ce spectacle a été co-produit par le Festival, en partenariat avec les Ateliers Frappaz. La même année, il a également proposé une masterclass lors de la première édition de l’Ecole Ephémère Sens Interdits.
© Patrick Siboni
Chorégraphe, conception et performance Zora Snake
Musique Maddly Mendy Sylva Voix Carolyne Cannella Discours et voix politiques Felwine Sarr, Bénédicte Savoy, Emmanuel Macron et autres Costume et accessoires Zora Snake
Production Compagnie Zora Snake Production déléguée Sens Interdits Avec le soutien de La cité internationale des arts à Paris, collectif Afrikadaa, Palais de Tokyo, festival de Liège, Charleroi danse, Live art Network Africa et de l’ONDA – Office National de Diffusion Artistique
Coréalisation : Festival Sens Interdits et Théâtre de la Renaissance